I. Origine et historique
La race Montbéliarde appartient au rameau jurassique (origine Bos Frontosus) d'où dérive le groupe des races Pie Rouge. Elle fait donc partie de la famille des simmentales et des Fleckvieh et de ce fait adhère à la Fédération Européenne Pie Rouge, dont la Montbéliarde a assuré la présidence de 1993 à 1997, et à la Fédération Mondiale Pie Rouge.
Son histoire remonte au début du XVIIIe siècle lorsque les éleveurs de l'Oberland Bernois (Suisse) sont venus s'établir dans la principauté de Montbéliard en amenant avec eux leur cheptel. Ce cheptel, grâce à un travail de sélection méthodique, acquit rapidement une certaine renommée et participa dès 1872 à des concours sous le nom de «Race Montbéliarde».
En 1889, elle est officiellement reconnue et inscrite sur le registre officiel des races françaises par le Ministre de l'Agriculture.
Le Herd-Book Montbéliard, livre généalogique de la race, est créé la même année et ses statuts sont approuvés par le Préfet du Doubs le 2 décembre 1889.
Le contrôle laitier officiel dans la race date de 1923 et ses résultats constituent aujourd'hui un des principaux critères de sélection dans la race. A cette histoire s'ajoute la tradition fromagère de la région d'origine et l'exigence ancestrale des fromagers pour la matière noble du lait et pour l'absence de mammites. L'insémination artificielle a connu un essor continu depuis ses débuts en 1949 et elle représente un élément déterminant dans l'évolution du cheptel.
Le 28 janvier 1997, l'Unité Nationale de Promotion et de Sélection de la Race Montbéliarde (O.S. Montbéliarde) prend le relais du herd-book. Depuis cette date, l'O.S. Montbéliarde constitue l'organisme national responsable de l'orientation et de la sélection de la race.
II. Implantation et effectifs
L'aire d'origine de la race Montbéliarde est constituée par les plateaux calcaires de l'Est de la France (massif jurassien) où elle représente encore aujourd'hui la très grande totalité du cheptel exploité (92% des vaches en Franche-Comté).
Puis elle s'est très bien adaptée, dès les années 50, dans tous les massifs français où sa part est toujours croissante voire majoritaire : 56% des vaches en Rhône-Alpes et 44% en Auvergne. Elle connaît aussi un très fort développement dans l'Ouest de la France, le sud-ouest, le nord-est et le centre.
Elle constitue désormais la deuxième laitière française avec un effectif total d'environ deux millions de têtes dont 680 000 vaches laitières. Le contrôle de performance enregistre 387.912 vaches ce qui représente 14,6% du cheptel laitier français. Cette part est toujours croissante.
Evolution de la population Montbéliarde en France de 1960 à 2007
1960
2007
III. Mode d'utilisation
La totalité des vaches Montbéliardes est exploitée pour la production laitière.
1. Productivité et valeur fromagère des laits :
La productivité est la suivante :
Toutes lactations |
Equivalent adulte | |
Nombre de résultats | 405 309 | 371 199 |
Durée de lactation - jours | 310 | 327 |
Lait - kg | 6 746 | 7 710 |
Matière Utile - kg | 483 | 553 |
Taux de Matière Utile - g/kg | 71,7 | 71,7 |
Matière Protéique - kg | 220 | 252 |
Taux Protéique - g/kg | 32,6 | 32,7 |
Matière Grasse - kg | 263 | 300 |
Taux Butyreux - g/kg | 39,0 | 39,0 |
La valeur fromagère du lait dépend à la fois d'une meilleure teneur en protéines totales et d'une présence plus fréquente de certains variants de caséines ayant une incidence favorable sur le rendement fromager et la vitesse de coagulation. Il s'agit là essentiellement, du variant B de la Kappa Caséine. Une étude INRA (Gros Claude, 1988) fait apparaître une fréquence du variant B de 37% dans la population.
Evolution de la diffusion du
variant B de la Kappa-Caséine (en bleu)
par la voie mâle dans la population Montbéliarde
par la voie mâle dans la population Montbéliarde
2. Performances bouchères :
Bien que sélectionnée majoritairement sur les performances laitières et la richesse du lait en matière azotée, la race Montbéliarde conserve une excellente valorisation en boucherie pour ses vaches de réforme et les taurillons grâce :
• Au format et à la vitesse de croissance : Le poids vif des vaches adultes et des taurillons varie de 650 à 750 Kg selon l'âge d'abattage. La croissance moyenne des taurillons est de 1 200 à 1 300 g par jour selon les régimes alimentaires.
• A la qualité des carcasses : Les rendements sont de 52/54% pour les vaches et de 56/58% pour les taurillons avec des carcasses sans excès de gras et classés R dans la cotation EUROPA.
Les vaches de réforme sont également engraissées en fin de carrière et fournissent une viande de qualité.
Les veaux mâles non utilisés pour la reproduction sont engraissés et destinés à des productions de viande sous forme de veaux de boucherie ou de taurillons de 20 - 22 mois. Ils sont très recherchés et leur prix est en conséquence plus élevé.
MONTBELIARDE | PRIM'HOLSTEIN | DIFFERENCE | ||
Poids à l'entrée (kg) | 54 | 49 | ||
% Femelles | 7 | 1 | ||
Durée d'engraissement | 141 | 154 | -13 jours | |
Poids de carcasse | 133,7 | 128,5 | +5.2 kg | |
Indice de Consommation (kg de poudre pour 1 kg de GMQ) |
1,720 | 1,859 | - 139 | |
GMQ | 1168 | 1051 | +117 g/j | |
Classement des carcasses | % R | 75 | 0 | |
% O | 24 | 95 | ||
% P | 1 | 5 |
A âge égal, les poids de carcasse sont nettement plus élevés en race Montbéliarde qu'en Holstein et les carcasses ont moins de graisse de couverture.
Le poids des quartiers arrière est plus important donc une meilleure proportion de muscles nobles. Du fait d'une ossature plus fine et de déchets moins importants, la proportion de viande commercialisable est sensiblement plus élevée en race Montbéliarde qu'en Holstein.
Comparaison de compositions de carcasses de
taurillons de race Montbéliarde et Holstein | |||||
MONTBELIARDE | HOLSTEIN | ||||
Poids de carcasse | 352 kg | 320 kg | |||
Gras de parage | 1,6% | 2,2% | |||
Quartier arrière | 52% | 50% | |||
Quartier avant | 48% | 50% | |||
Os | 18,2% | 20,3% | |||
Gras + Déchets | 8,3% | 10,6% | |||
Viande commercialisable | 73,5% | 69,1% |
Réf. INRA station de Villers
Bocage
3. Rusticité et faculté d'adaptation :
Les conditions d'élevage spécifiques de la zone d'origine caractérisées par une altitude variant de 400 à 1 000 mètres et un climat continental avec des changements rapides de température et des extrêmes allant de +35°C en été à -20°C en hiver ont doté la race Montbéliarde d'une rusticité à toute épreuve.
Ses facultés à l'adaptation ont été vérifiées par les résultats enregistrés au cours d'essais de Thermo tolérance des bovins réalisés par l'INRA en 1975 et portant sur les températures rectales (TR) en °C, les rythmes respiratoires (RR) en minutes, et les tests de sudations (TS), en seconde, en début, milieu et fin de stress.
MONTBELIARDE | HOLSTEIN | |
Début de stress | ||
TR | 39,07 | 38,93 |
RR | 49 | 49,5 |
TS | 556 | 629 |
Milieu de stress | ||
TR | 38,96 | 39,01 |
RR | 84 | 92 |
TS | 377 | 434 |
Fin de stress | ||
TR | 39,15 | 39,26 |
RR | 115 | 119,8 |
TS | 314 | 365 |
On constate qu'en race Montbéliarde, la température rectale varie peu en période de stress, le rythme respiratoire et le test de sudation sont, dans tous les cas, moins perturbés en race Montbéliarde qu'en race Holstein ; ce qui lui facilite son acclimatation en zone chaude.
Ces résultats scientifiques sont confirmés par les résultats «terrain» obtenus par la Montbéliarde en zone chaude (Maghreb, Afrique de l'ouest, Amérique Centrale et du Sud), qui montrent une supériorité de la Montbéliarde dans des conditions climatiques difficiles (sécheresse, humidité), que ce soit en race pure ou en croisement avec des races locales. 4. Systèmes d'élevage :
Exploitée pour plus de la moitié de ses effectifs en zone de montagne où la base de la ration est constituée d'herbe pâturée en été et de foin riche en hiver, la race Montbéliarde est parfaitement adaptée à l'ingestion et à la transformation de grandes quantités de fourrages grossiers produits sur l'exploitation.
Ailleurs elle est exploitée dans des systèmes intensifs avec ensilage de maïs et elle exprime alors d'autant son potentiel protéique et son aptitude bouchère. IV. Objectifs de sélection Définis par l'ensemble des partenaires de la race réunis au sein de l'O.S. Montbéliarde, ils se hiérarchisent de la manière suivante : La sélection laitière reste primordiale ...
Recherche d'un animal spécialisé pour la production laitière, c'est-à-dire capable de produire de grandes quantités de matières utiles transformables (matière grasse et surtout matière protéique) à partir de fourrages grossiers. L'objectif prioritaire (50% de nos efforts de sélection) reste le progrès génétique sur la concentration en protéines et la quantité de lait.
La race Montbéliarde présente le meilleur rapport TB/TP des trois grandes races laitières françaises : c'est incontestablement un atout de la race qu'elle doit préserver. 840 g de protéines par kg de matière grasse correspond aux besoins de la transformation fromagère.
... en conservant l'atout de la résistance aux mammites
La qualité du lait est indissociable de la résistance à ces infections. Déjà bien placée sur ce critère (cf figure ci-dessous) l'effort de sélection reste élevé et pèse 12,5% dans l'objectif global.
Proportion d'élevages ayant des
problèmes de comptages cellulaires *
*(= + de 15% de contrôles >800.000 cellules/ml et - de 75% de contrôles <300.000 cellules/ml)
*(= + de 15% de contrôles >800.000 cellules/ml et - de 75% de contrôles <300.000 cellules/ml)
La fertilité est à la base de la production et de la rentabilité des animaux. Là aussi les qualités de la race sont à maintenir voire à améliorer. Le taux moyen de réussite à l'insémination est de 55%. ... sur la longévité
La longévité est la dernière qualité visible d'une race. C'est pourtant l'élément clef de la satisfaction de l'éleveur et de la rentabilité de la phase d'élevage. En Montbéliarde 32,8% des vaches réalisent une 4ème lactation ou plus contre 22,0% pour l'autre grande laitière. La population raciale dispose ainsi de 3,8 fois plus de vaches en 8ème lactation et plus. Et chaque année au moins 40 montbéliardes terminent leur carrière avec plus de 100.000 kg de lait produits.... sans dégrader le revenu viande
ni les qualités d'élevage de la race
L'amélioration de la race veille à maintenir les qualités bouchères de la race et notamment l'absence de gras de couverture sur les carcasses ce qui constitue un des atouts de la Montbéliarde.
Ces qualités bouchères donnent aussi aux vaches montbéliarde une puissance et une rusticité utiles pour passer le cap du pic de lactation et s'adapter aux conditions d'élevage difficiles.
Enfin les qualités de morphologie fonctionnelle et d'aptitude à la traite mécanique indispensables pour une exploitation correcte des vaches sont très étroitement surveillées et également améliorées
Chaque année plus de 60.000 vaches sont décrites et mensurées pour garantir le résultat attendu.
L'objectif global de
sélection se dessine ainsi
Conclusion
:
La race Montbéliarde,
réputée par le niveau élevé des performances, présente aussi de nombreuses
qualités, qui lui permettent de s'imposer au sein de la population laitière
mondiale. Elle représente une alternative au cheptel laitier ultra spécialisé
et, grâce à sa solidité et à sa capacité d'adaptation, elle répond aux besoins
de tous les éleveurs.
Des éleveurs de tous les continents l'ont adoptée et trouve une énorme satisfaction à travailler ces animaux. A l'heure actuelle c'est aux USA dans les grands troupeaux laitiers qu'elle trouve sa voie.
Des éleveurs de tous les continents l'ont adoptée et trouve une énorme satisfaction à travailler ces animaux. A l'heure actuelle c'est aux USA dans les grands troupeaux laitiers qu'elle trouve sa voie.